« C'est vrai que je m'ennuie dans les musées, autant qu'à entendre la lecture expliquée de France-Musique. Mais si je passe par hasard sous la fenêtre d'une petite fille qui répète sa leçon de violon, il suffit qu'un motard, au même instant, démarre en trombe, faisant cabrer sa moto, pour que mon bonheur soit parfait.
J'aime quand c'est beau, c'est plus fort que moi.
Un cri par exemple, sculpté dans le sens du beau, c'est passionnant. Prenez cent photos d'un homme criant, jamais vous n'y trouverez l'harmonie. Alors que si Michel Ange représente l'un d'eux, il devient beau. Toute la raison de vivre de la sculpture classique est là. On se croit très différent, mais nos émotions se touchent. J'ai le sentiment d'une beauté universelle. »
Frédéric Jager
Il aime le moto-cross, le flamenco et les vrais gitans, sa guitare et le Petit Prince de Saint-Exupéry, le saut d'obstacles, le ski nautique, dans la nuit, sur un canal désert... Mais surtout, Frédéric dessine des chevaux, partout, depuis toujours. « Parce qu'à l'inverse des hommes, un cheval est toujours beau, est toujours fort, est toujours triste ». On peut affirmer, sans crainte de se tromper, que c'est l'un des très grands sculpteurs de notre temps. Certains l'ont bien senti, qui sont, et ce n'est pas un hasard, les porte-parole du luxe et de l'élégance française : Robert Ricci, l'orfèvre Mellerio dit Meller, Jean-Louis Dumas, président de la maison Hermès.
Perfectionniste, il réalise la finition de ses bronzes, le ciselage et la patine. La main de Jager est, aujourd'hui plus que jamais à l'heure de la maturité, celle d'un vrai sculpteur qui n'a pas besoin de se réfugier dans l'abstraction pour dissimuler ses faiblesses.
Dans son regard vif, son apparente désinvolture, on devine la marque du talent, de la poésie, de l'espoir. Au gré de ses rencontres, il organise des expositions, en y mêlant, un spectacle de chevaux Andalous ou un concert de guitare pour en faire de véritables fêtes, des instants d'émotions, de pure magie...Et s'il vous arrivait de croiser un jour le regard bleu de Frédéric Jager, observez-le bien. Franchement, je ne serais pas étonné que vous y découvriez...le reflet de quatre ou cinq chevaux tout blancs.
Avec l'aide de la plume de Lionel Estavoyer, Michel Huvet et Xavier Viader